François Bayrou a sans doute franchi cette semaine une étape importante dans son expression, sinon dans sa réflexion.
En annonçant que, s’il est élu, il créera un « grand parti démocrate », le candidat centriste laisse entrevoir ce qui serait, selon lui, la conséquence et l’objet de son hypothétique élection à la présidence de la République. En appelant les bonnes volontés de droite et de gauche à participer au gouvernement de la France, il s’agirait moins à terme de trouver une sorte de juste milieu équidistant de la gauche et de la droite traditionnelles que de préparer une nouvelle configuration de la vie politique française, un peu à la manière américaine, autour de deux grandes formation politiques, un grand parti démocrate libéral, social et progressiste et un grand parti républicain libéral et conservateur, ce qui marginaliserait les autres formations. En quelque sorte, il s’agirait de réaliser la grande mutation que le parti socialiste n’a jamais réussi à accomplir écartelé entre une pratique sociale démocrate molle quand il est au pouvoir et un discours radical et révolutionnaire quand il est dans l’opposition.
Mais à faire un gouvernement gauche/droite, où serait l'alternance ? L'un des principes fondamentaux de la démocratie est l'alternance. Quand on en a marre de la gauche, on vote pour la droite et inversement. C'est le principe de l'opposition. Avec un gouvernement issu d'une coalition entre la gauche et la droite, où serait l'opposition ? Qui chercherait la petite bête dans les affaires politiques ? Pour qui voteront les français en cas de désaccord avec le gouvernement Bayrou ? Pour les extrèmes... Si Bayrou est élu, le F.N augmentera avec lui.